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Actes Sud-papiers
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Grand menteur : trois monologues
Laurent Gaudé
- Actes Sud-Papiers
- Au Singulier
- 9 Février 2022
- 9782330161743
Trois monologues qui, dans une langue joyeusement chahutée, interrogent et célèbrent la jouissance procurée par les mensonges que les hommes se racontent pour se plaire, pour plaire à l'autre et pour embrasser la vie que leur imaginaire projette sur le réel. Un triptyque qui tente également de cicatriser les blessures provoquées par des générations d'amours mal dits ou non confessés.
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La découverte d'une pilule permettant de dormir seulement quarante-cinq minutes par jour implique une restructuration totale de la société. Suite à tous ces bouleversements, un homme risque de perdre la femme qu'il aime.
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Colosses aux pieds d'argile, les dictatures arabes ont été balayées par la vindicte populaire. « Qu'est-ce qui transforme une foule, en peuple ? », s'interroge l'auteur. Voici un texte sur la Révolution : « Pour parler de cet élan, de cet appétit, de cette irrévérence tantôt joueuse, tantôt enragée de la jeunesse. » Un récit collectif à voix multiples.
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Raïssa est une jeune fille qui vit dans les collines de la campagne algérienne. Elle est maudite. Sa mère est morte en couches, ce qui la souille à jamais. Elle porte en elle cette faute originelle.
A travers trois générations de femmes (Raïssa, Léïla et Saïda), à travers trois époques différentes de l'histoire de la France et de l'Algérie, la malédiction se perpétue. Elle se décline sans cesse sous un nouveau visage : la guerre, l'émigration, la montée du fanatisme.
La lignée de Raïssa traverse ces tourmentes. Chacune de ces femmes lutte contre l'histoire, essayant d'échapper aux coups du sort qui renversent tout. Chacune, tour à tour, pousse le cri de révolte et de combat des sacrifiées.
Laurent Gaudé a choisi de raconter le destin de trois générations de femmes qui traversent la seconde partie du XXe siècle. A leur chant tragique répondent en écho les choeurs des soldats, des émigrés et des villageois.
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C'est le siège d'une ville. Bombardements. Asphyxie. Incendies. Il pleut sur les maisons. Une pluie de cendres qui embrase le ciel et ensevelit les décombres.
Les habitants savent que la fin est proche et la défaite inéluctable. Tout le monde continue à vouloir se battre, sous les yeux de Korée, le regard de la ville, pour ne rien céder à l'ennemi. Tout le monde, sauf Ajac, l'amant de Korée. Lui ne prend pas part au combat. Il ne porte pas d'arme. Il rôde la nuit, dans les ruines, arpentant les rues, creusant dans les gravats. Il a décidé que cette ville ne lui était rien et que son combat était ailleurs. Il a décidé qu'il soustrairait celle qu'il aime à l'incendie.
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Le ciel craque, la pluie tombe.
Une femme est là qui n'a pas bougé depuis des siècles. l'averse, lentement, la fait renaître. lorsqu'elle se met à parler, c'est pour évoquer le souvenir de sa ville natale : sodome. sodome et gomorrhe, cités jumelles, libres et sensuelles. sodome et gomorrhe, villes soeurs, subversives parce que voluptueuses. sodome et gomorrhe, saccagées par la haine des hommes et marquées à jamais du sceau de l'infamie.
Qu'a perdu le monde en brûlant sodome et gomorrhe ?.
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Adila, fille de Farouk, grandit pendant la guerre, dans un pays qui n'est pas autorisé à exister. Farouk et leurs voisins ont pressenti le retour de nombreux exilés, parmi lesquels Meriem, sa soeur. Mais, repoussés par l'armée, leur tentative échoue. Lors de cet épisode, Farouk se fait humilier par les soldats en public, y compris devant sa fille.
Alors que celui-ci sombre dans le désespoir, Adila, elle, est animée par la haine et la colère. Ils n'ont plus rien, que des Caillasses : ces gravats de ruines deviennent alors l'origine du terrorisme.
Adila fait la rencontre d'un personnage étrange, né des ruines et des pierres, que les habitants surnomment l'Enfant boule. Il effraie et violente son entourage, mais est dérouté par la rage qui se dégage de la jeune femme. Ils se lient.
Farouk pousse Adila à s'exiler elle aussi auprès de sa tante. Au contact de ce nouvel environnement où les gens semblent épanouis, la fureur d'Adila ne cesse d'augmenter. Aidée par l'Enfant boule, elle va commettre un attentat suicide.
Farouk "caillasse" le nom d'Adila et son sacrifice. Il meurt pétrifié par le chagrin dans le cimetière du village. De cette malédiction, le corps disloqué d'Adila parvient à revenir le temps d'un mariage figuré avec l'Enfant boule. Elle lui donne son nom, et par l'intermédiaire de Meriem -qui lui transmettra leur histoire- son passé et sa mémoire.
PERSONNAGES : 11 hommes, 7 femmes, un choeur d'hommes, un choeur de femmes, un choeur et un choeur d'exilés
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Mille orphelins : Dragan Bajuk Slator se meurt d'une maladie obscure qui lui ronge la chair. Abandonné et rejeté par les hommes, ce marin s'enferme dans la misanthropie et la solitude. Il marche maintenant depuis des jours, malgré son pied blessé, sur les routes d'Albanie, sa terre natale. Sur le chemin, à quelques pas à peine, un enfant ne cesse de le suivre. Qui est-il et pourquoi refuse-t-il de le laisser tranquille ? Progressivement, le petit révèle à Dragan Bajuk Slator son identité, il lui rappelle qu'il est cet enfant que sa mère l'avait chargé d'abandonner autrefois. Ce jour-là, l'orphelin avait prédit au marin que son châtiment serait de faire naître des fils et des filles de sa propre solitude. C'est alors qu'un choeur d'enfants apparaît et vient entourer le malade. Chacun se met à raconter de quelle solitude il est né. L'homme reconnaît peu à peu en chaque visage un instant de mélancolie et d'abandon, au bord d'un caniveau ou dans les bras d'une prostituée, lors de ses nombreuses escales. Escorté par les orphelins, le père rejoint les montagnes de ses premiers jours sur les hauts sommets de Saraq Vithkuq. Les enfants y préparent un bûcher pour le vieil homme et le mourant fait le récit de sa longue errance de par le monde. Il meurt seul, tandis que les mille orphelins s'éloignent.
Les Enfants Fleuve : Dans un pays lointain, une nuit, le prédicateur sent que le grand fleuve qui irrigue les terres environnantes veut lui parler. Il plonge alors dans les eaux limoneuses jusqu'à la taille, puis tout entier, et écoute. Ce qu'il entend est terrifiant. La rumeur qui gronde sous les eaux ne fait aucun doute : le fleuve est en crue. Immédiatement, le prédicateur retourne au village et tente de persuader les villageois de quitter leur maison. Seuls quelques-uns vont l'écouter. Une petite colonne monte dans les collines. Les autres regagnent leur couche. Ils ne se lèveront jamais. Dans la nuit, le fleuve déborde effectivement et noie tout le village. Le lendemain matin, les survivants reviennent sur les lieux. Il n'y a plus trace de vie. Tout a été recouvert d'une épaisse couche de boue. Anéantis, ils se livrent à des libations pour célébrer la mémoire de leur morts et injurier leurs dieux qui ne les ont sauvés de rien. C'est alors que le fleuve, à nouveau, se met à gronder. Il s'ouvre cette fois et les morts réapparaissent. Pendant quelques heures, défunts et survivants vont pouvoir partager la douceur d'être à nouveau ensemble. Pendant quelques heures, ils vont pouvoir se mêler les uns aux autres. De cette nuit volée à la mort, naîtront des enfants, «les enfants Fleuve». Ce sont eux dont résonne la voix, énigmatique, sans âge, eux qui chantent dans l'errance pour nous rappeler la fragilité de toute vie et l'urgence de la savourer.
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La fille de Morob cherche à connaître la vérité sur la mort de son père, héros de la dirty protest, épisode historique de la lutte irlandaise de l'IRA survenu entre 1978 et 1980. Elle va d'abord voir ceux qui ont déterré son cadavre, les matons de la prison de Long Kesh dont les prisonniers en grève de la faim badigeonnaient les murs de leurs excréments. Mais ils lui apprennent que le mort n'a jamais été mis en terre. Elle se lance alors à sa recherche.
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Un homme est là, assis sur le quai d'un métro, à New York. Il est vieux. En guenilles. C'est Onysos. Mi-homme, mi-dieu, il prend la parole et entame le récit de sa vie. C'est une épopée antique. De sa naissance dans les monts Zagros à la prise de Babylone, de sa fuite en Egypte à son arrivée dans la cité d'Ilion où il décide de mourir au côté des Troyens, il raconte une longue succession de pleurs et de cris de jouissance, de larmes, d'orgies et d'incendies. Le temps d'une nuit, sur ce quai anonyme, Onysos le gueux, le boueux, Onysos l'assoiffé fait à nouveau entendre sa voix et se rappelle à la mémoire des hommes.