albert bensoussan
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«Le voyeurisme est le vice le plus universel qui soit. Vous le savez mieux que personne : nous voulons connaître les secrets et, de préférence, les secrets d'alcôve. Fourrer son nez dans l'intimité des puissants, des célébrités, des importants.» Lima, années 90. Alors que le dictateur Fujimori a plongé le pays dans la peur et la violence, deux couples de la haute société se retrouvent mêlés à un gigantesque scandale politique, médiatique et sexuel. Quelques photos compromettantes, un maître chanteur, un crime crapuleux : entre érotisme et corruption, chacun cache un secret dans cette sulfureuse comédie de moeurs.
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À la mort de son mari, Bernarda décide que ses filles ne sortiront plus de leur maison pendant huit ans. Ce huis clos se déroule dans l'âpre atmosphère du Sud de l'Espagne où, entre censure et anathème, les femmes sont recluses et l'amour est frappé d'interdit. Jalousie, hargne, désirs et passions s'exacerbent. Un homme hante les rêves des cinq soeurs. Il doit épouser l'aînée mais la plus jeune s'éprend de lui : telle est la bombe qui explose au milieu des rivalités et des frustrations. Lorca mourut deux mois après avoir achevé sa pièce, tandis que le pays s'enfonçait, pour de longues années, dans ce silence réclamé par Bernarda Alba, de la première à la dernière réplique. La chape qui s'abat sur la maison devient allégorique de tout un pays bâillonné. Et, par-delà l'Espagne et la voix du poète, la pièce accuse le fanatisme qui emprisonne la conscience humaine et la pousse au néant.
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Mario Vargas Llosa, écrivain du monde
Albert Bensoussan
- Gallimard
- Arcades
- 1 Décembre 2022
- 9782072995767
«Je partage le quotidien mental de Mario Vargas Llosa depuis cinquante ans. Il m'a fallu assumer ses fantasmes et ses obsessions. En vérité, ce que je n'ai pas vécu, je l'ai rêvé. J'ai habité ses rêves, mettant mes pas dans ceux du grand homme, mimant fraternellement ses gestes, choyant sa voix. Moi, son double, son singe. Son autre moi.»Dans cet essai personnel, Albert Bensoussan interroge cette relation si particulière qui unit l'auteur à son traducteur. Il offre la meilleure synthèse de l'oeuvre du romancier hispano-péruvien, Prix Nobel de littérature et académicien français. Il nous fait redécouvrir les multiples facettes de cet auteur tout à la fois réaliste, politique, fantaisiste, épris de liberté, inlassable contempteur des dictatures latino-américaines. Mario Vargas Llosa nous apparaît comme un véritable classique moderne : un contemporain capital.
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Édith Piaf, de son vrai nom Édith Giovanna Gassion (1915-1963), est bien plus qu'une chanteuse de music-hall et de variétés. Celle qui fut très tôt surnommée «la Môme Piaf» est l'incarnation même de la chanson française. «La vie en rose», l'«hymne à l'amour», «La Foule» sont aujourd'hui encore des chansons interprétées dans le monde entier. Au-delà de toute mythologie - l'enfance pauvre à Belleville, sainte Thérèse lui redonnant la vue qu'elle avait perdue, l'usage de la morphine, ses nombreuses histoires d'amours avec Cerdan, Montand, Moustaki, etc. -, Albert Bensoussan nous dévoile une femme engagée dans son temps, forte et fragile, prenant tous les risques, surmontant toutes les douleurs, dont Cocteau affirmait qu'il n'avait jamais connu d'être moins économe de son âme, «qui ne la dépensait pas, mais la prodiguait et en jetait l'or par les fenêtres».
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«Je peux mettre en musique une gazette ou une lettre, mais le public, lui, admet tout au théâtre sauf l'ennui.» Né au sein d'une famille de la petite bourgeoisie campagnarde, Giuseppe Fortunino Francesco Verdi (1813-1901) est considéré comme l'un des compositeurs d'opéra italien les plus influents de son temps, et une des figures emblématiques du Risorgimento aux côtés de Cavour et de Garibaldi. De Rigoletto à La Traviata, en passant par Otello et Aïda, il composa 42 oeuvres dont 28 opéras. Ses orchestrations mettent en scène tous les sujets - réalistes, émouvants, lyriques - avec une force d'expression, une fécondité, une originalité jamais atteintes auparavant. Verdi brûla d'une merveilleuse passion, «brutale, vraie». Ce sont les mots de Georges Bizet qui ajoute : «Mais il vaut mieux être passionné de cette façon que pas du tout.»
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« Au milieu de très graves conflits sentimentaux et tout accablé que je suis par l'amour, la société, la laideur, je me suis imposé pour règle la joie à tout prix et je m'y tiens. » Chantre d'un paganisme solaire, Federico García Lorca (1898-1936) est un homme comblé de tous les dons. Poète et dramaturge, mais aussi peintre, pianiste, conférencier, directeur d'une troupe de théâtre, il connaît très rapidement dans le monde hispanique un succès foudroyant. Toute de grâce et de légèreté, mais aussi d'ombre et de terreur, il n'est pas d'oeuvre plus universelle que la sienne : y luttent sans relâche « la force de l'illusion et celle de la réalité ». La très grande puissance de cet univers novateur nous est ici dévoilée à lumière crue d'une vie arrêtée en plein vol. À l'aube du 17 août 1936, Lorca est exécuté par les franquistes, en un lieu que les Maures appelaient la Source aux larmes.
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Un chien après lequel on court, tel est le début de ce livre. Dès les premières pages, nous voyons le narrateur se précipiter à la fourrière, dans les faubourgs de Lima, pour récupérer son caniche égaré - et, en fait, kidnappé. Santiago Zavala rencontre là l'ancien chauffeur de son père, le géant noir Ambrosio, devenu maigre et haillonneux. Une sorte de SDF qui désormais nettoie la ville de ses chiens errants pour quelques pièces. Le dialogue de quatre heures entre Zavalita et Ambrosio dans le bar La Catedral forme peu à peu l'axe autour duquel se tisse le réseau complexe des situations et des personnages de ce roman. Car après quelques bières, un flot de paroles surgit entre les deux hommes comme une réponse au silence et à la censure. Conversation à La Catedral n'est cependant pas un roman historique, au sens strict du terme. Ses personnages, les histoires qu'ils racontent, les fragments de vie qu'ils assemblent composent la description détaillée d'un processus moral d'avilissement collectif. Vargas Llosa examine tous les chemins et les détours qui conduisent un pays entier à la soumission ou, pire encore, à la collaboration avec un dictateur. «Si je devais sauver du feu un seul de mes romans, ce serait celui-ci», a dit Mario Vargas Llosa à propos de Conversation à La Catedral. Cette nouvelle traduction rétablit intégralement le texte original, harmonise l'articulation stylistique entre les différentes parties du roman, et offre la version la plus fidèle et la plus récente de ce chef-d'oeuvre.
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Le testament de Barcelone
Albert Bensoussan
- La Part Commune
- Un Monde A Part
- 6 Juin 2024
- 9782844185020
Un texte hybride, où auteur et traducteur se confondent ou se complètent. Le titre - Le testament de Barcelone - dit bien cet adieu à une Espagne post-franquiste dans laquelle Albert Bensoussan a baigné et qu'il fait découvrir, de la façon la plus réelle ou réaliste, à travers les carnets de Dora, le personnage principal.
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« La tendre indifférence du monde » s´est abattue sur L´étranger d´Albert Camus qui apparaît ici comme témoin ou puissance tutélaire. S´il est vrai que sur ce rivage où les dieux parlent dans le soleil, le cri de ralliement des jeunes pousses étaient « Tant pis si j´en crève ! », il n´en reste pas moins que tous avaient un amour immodéré de la vie des sens et de la jouissance des heures claires. Sous divers masques et sur quelques portraits en pied, le narrateur fait tourner, au cadran de l´Algérie d´avant, l´ardente aiguille qui marque tous les temps de bonheur qui jalonnèrent sa vie.
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Tauroética ; pour une éthique de la corrida
Fernando Savater
- L'Herne
- Essais Et Philosophie
- 4 Mai 2012
- 9782851974488
Cet essai sur les courses de taureaux entend «penser» tout à la fois la corrida et notre comportement vis-à-vis du monde animal à la lumière de la pensée philosophique et de l'éthique.
Démontant les arguments des écologistes et des animalistes, il démontre qu'on ne saurait, sans tomber dans un anthropomorphisme dépassé, mettre sur le même plan la conscience humaine et la condition animale.
Le prétexte à cette réflexion est le débat parlementaire au sein du gouvernement autonome de Catalogne sur les corridas, qui a abouti à leur interdiction sur tout le territoire catalan.
Il dénonce, à ce sujet, la collusion entre le politique et l'animalisme, et pose, en philosophe, le problème de notre attitude morale envers les animaux.
Avec science et aussi beaucoup de verve et d'humour, Fernando Savater nous livre ici un essai à la fois savant et savoureux qui, dans une époque de fluctuation, voire de confusion des valeurs, ne manquera pas d'avoir un sérieux impact, sans nuire à notre plaisir de lire.
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Placé sous l'invocation de "tous les naufrages de Sefarad" cet ouvrage se veut a la fois réflexion sur la culture juive de la Méditerranée et lieu de parole et de fable. Entre mémoire et terroir, la littérature séfarade de langue française est abordée autour de la figure privilégiée d'Albert Cohen, mais aussi dans un itinéraire qui va d'Albert Merumi à Edmond Jabès, d'Elisa Rhaïs à Myriam Ben.
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Le Félipou ; contes de la sixième heure
Albert Bensoussan
- L'Harmattan
- Ecritures Arabes
- 28 Septembre 1994
- 9782738425690
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Dans la mythique d'Aldjezar, le chemin des Aqueducs garde la trace de la présence turque en Méditerranée, conjuguée à l'action coloniale. Le narrateur jette un long regard en arrière et, parcourant inlassablement l'itinéraire des collines ou le dédale des venelles, revit, en une succession d'aventures qui correspondent aux divers âges -enfant, adolescent, adulte.-, l'existence de la ville chérie et irrémédiablement perdue, victime de la guerre et du mauvais oeil.
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Depuis la Renaissance, on a toujours associé traduction et trahison, traducteur et "traditeur". Cet essai disserte librement sur ce thème. Portraits et études se succèdent laissant apparaître le visage de quelques écrivains chers au "traître" : Cabrera Infante, Manuel Puig, Vargas Llosa, Zoé Valdés, et aussi Bryce Echenique, Onetti, Donoso ou Picasso. C'est un peu à une promenade dans la Vallée des Rois que vous convie l'auteur, guide dont la plume traduisante est le fil d'Ariane.
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Ce récit en treize séquences plonge dans l'Algérie coloniale et la cohabitation des communautés contrastées.
Un parcours qui fait intervenir un narrateur aux multiples voix et à différents âges, aux prises avec un kaléidoscope d'images éparses : ici la main perdue de la mère fait pénétrer accidentellement le petit enfant juif dans l'intimité d'une famille musulmane, là un mauvais livret scolaire pousse au désespoir un écolier trop imaginatif, là encore l'adolescent à la synagogue reçoit de plein fouet un contre ut mortifère dont il subira sa vie durant les séquelles.
Un défilé de figures hautes en couleur: la tante un peu sorcière, l'oncle photographe trop porté sur l'anisette, la voisine de palier qui découvre à la fois l'adultère et la félonie des détrousseurs de veuves, cette autre voisine incapable d'interpréter son rêve de chameau et qui rédige un testament incongru, ce chantre d'église peu habité par la grâce divine ou ce choriste d'opéra poursuivant de sa jalousie de barbon un rival qui n'a même pas de poil au menton.
Une chronique de la ville d'Alger, fantasmée autant que remémorée, s'organise au cours de déambulations dans une atmosphère à la fois souriante et truculente, sans oblitérer le drame qui se prépare : le naufrage du pays. La famille apparaît ici comme une valeur refuge : la mère aimante, le père à la bienveillante autorité, la soeur complice des jeux sur une terre qui veut croire à la fermeté des dunes et à la promesse des fleurs.
Mais pour quels fruits dérisoires : un cornet de jujubes, une écorce d'orange, une poignée de dattes ?
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Le Vertige des étreintes, d'Albert Bensoussan débute avec l'évocation de l'Algérie de son adolescence, l'éveil des sens partagé entre la tradition juive de sa famille, les séductions chrétiennes et la culture arabe de ses premières amours. De femme en femme, d'Algérie en Espagne puis en France ou ailleurs, d'odalisques en geishas, dans une atmosphère de fantasmes et de rêveries où l'humour le dispute à l'ironie, l'auteur reconstruit l'identité de son passé d'homme, son parcours cosmopolite, scandé par la rencontre puis l'absence jusqu'à la future disparition des êtres aimés. Le décor est, pour l'essentiel Alger, la cité matricielle, dont le récit exalte les splendeurs, épouse les soubresauts. Pour affirmer, au temps de l'arrachement et de la dépossession, la nécessaire transmission, le mirage d'un engendrement. L'adieu aux miracles anciens, fût-ce au prix du vertige, s'accompagne d'heureuses larmes en d'ultimes étreintes.
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Cette biographie romancée de l'artiste mexicaine Frida Kahlo prend comme fil d'Arianne un cahier de recettes culinaires que la peintre gardait toujours par devers elle et qui disparut mystérieusement à l'heure de sa mort.
Il s'agit donc d'une pièce imaginaire que la romancier mexicain compose, avec un plaisir évident.
Chacun des 24 chapitres s'achève sur une ou plusieurs recettes. Quant à la vie de Frida, elle suit dans ses péripéties la célèbre biographie de H. Herrera, à l'origine du film Frida.
Sans la fantasmagorie, et un style qui se prête volontiers aux incursions dans la pensée magique et la mythologie mexicaine, sans les multiples recettes de cuisine, ce titre pourrait être sans surprise, car nous savons déjà tout de cette vie de Frida Kahlo, et par sa belle biographie de Herrera et par le beau film qui en a été tiré ; et aussi par les nombreux articles sur l'artiste (dont celui de Vargas Llosa dans son Cahier de l'Herne).
Mais voilà, on lit ce livre avec intérêt, avec plaisir, et même jubilation. Et pour les plus mordus, on court à sa cuisine, à ses casseroles et on se lance dans la savante et savoureuse alchimie de la hierba santa et de ses sortilèges.
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