albert bensoussan
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La foule est incontestablement l'une des chansons les plus connues d'Édith Piaf. On ignore souvent cependant qu'elle est en réalité la version française d'une valse péruvienne composée à Lima dans les années trente. Mario Vargas Llosa, qui a toujours aimé les musiques traditionnelles de son pays, entreprend de nous raconter ici l'histoire de ce genre de valse si particulier, ainsi que d'autres formes musicales du Pérou métis. Et pour ce faire, il imagine, en romancier, un personnage assez fou mais très attachant : le musicologue Toño Azpilcueta. Celui-ci, qui croit tout savoir sur la musique péruvienne, écoute lors d'une soirée où il est invité un jeune guitariste qui bouleverse son existence : Lalo Molfino. Jamais personne n'avait joué les mélodies andines comme lui ; jamais personne n'avait exprimé avec autant de précision les nuances de l'âme profonde du Pérou. Or, ce prodige meurt trop tôt et Toño, désespéré, se lance dans une enquête passionnante, qui le mène jusqu'aux confins des Andes, à la recherche des origines de Lalo Molfino et du mystère qui l'entoure. Alternant le récit des aventures du musicologue et de courts extraits du livre qu'il est en train d'écrire, Mario Vargas Llosa nous offre un dernier roman émouvant, très documenté et fort animé. Au fil des chapitres, la narration nous emporte dans une spirale, comme la valse péruvienne, et nous fait partager le rêve de voir tout un pays enfin réconcilié grâce au pouvoir de la musique populaire.
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Lorsque la table du déjeuner familial est desservie et que s'annonce un après-midi sans surprise et sans sorties, que faire ? En Amérique latine, des millions d'hommes - et surtout de femmes - attendent alors le moment de tourner le bouton de la radio pour absorber leur dose quotidienne de rire, de larmes et de rêve. C'est derrière les feux de cette rampe-là, faussement clinquante, que le grand romancier péruvien nous mène : acteurs vieillis dont seule la voix séduit encore, tâcherons de l'écriture dévorés par le halo d'une gloire illusoire, requins de l'audio-visuel artisans de la misère de leurs «créateurs». Pedro Camacho, un as du feuilleton radio, arrive alors à Lima. Il n'a d'autre vie que celle de ses personnages et de leurs intrigues. Enfermé jour et nuit dans la loge de l'immeuble de la radio, il manipule les destinées de ces êtres imaginaires qui font battre le coeur des auditeurs. Mais voilà que, au comble de la gloire, son esprit s'embrume : comme des chevaux fous, ses héros franchissent les barrières, font irruption dans des histoires qui ne sont pas les leurs et engendrent une avalanche de catastrophes : les auditeurs affolés portent plainte... En contrepoint, nous est contée l'histoire de «Varguitas» : à dix-huit ans, il poursuit, mollement, des études de droit, comme l'exige son père. Installé dans un cagibi, il gagne quelques sous en rédigeant les bulletins de nouvelles pour la radio de Lima et rêve de faire publier les nouvelles qu'il écrit à ses (nombreux) moments perdus. Pour la première fois, Mario Vargas Llosa parle ici à la première personne et raconte son histoire : «Varguitas» n'est autre que lui et la tante Julia, fraîchement divorcée, de quinze ans son aînée, a bien existé. Malgré l'opprobre familial et le rocambolesque bureaucratique, il finira par l'épouser. Il est difficile de mieux conjuguer le rétro, le kitsch et le mélo que Mario Vargas Llosa le fait dans ce livre, l'un des plus éblouissants témoignages sur ce qu'est aujourd'hui le vécu, le ressenti, le rêvé de l'homme moyen en Amérique latine.
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Que de tours et de malices chez cette «vilaine fille», toujours et tant aimée par son ami Ricardo, le «bon garçon». Ils se rencontrent pour la première fois au début des années cinquante, en pleine adolescence, dans l'un des quartiers les plus huppés de Lima, Miraflores. Joyeux, inconscients, ils font partie d'une jeunesse dorée qui se passionne pour les rythmes du mambo et ne connaît d'autre souci que les chagrins d'amour. Rien ne laissait alors deviner que celle qu'on appelait à Miraflores «la petite Chilienne» allait devenir, quelques années plus tard, une farouche guérillera dans la Cuba de Castro, puis l'épouse d'un diplomate dans le Paris des existentialistes, ou encore une richissime aristocrate dans le swinging London. D'une époque, d'un pays à l'autre, Ricardo la suit et la poursuit, comme le plus obscur objet de son désir. Et chaque fois, il ne la retrouve que pour la perdre. Et, bien entendu, ne la perd que pour mieux la rechercher. Il n'est jamais facile d'écrire l'histoire d'une obsession. Mais la difficulté est encore plus grande quand il s'agit d'une obsession amoureuse et quand l'histoire que l'on raconte est celle d'une passion. Mario Vargas Llosa avait déjà affronté ce défi par le passé dans La tante Julia et le scribouillard (1980), l'un de ses romans les plus populaires. Et voici qu'il le relève encore vingt-cinq ans plus tard et nous offre ce cadeau inattendu : une superbe tragi-comédie où éros et thanatos finissent par dessiner une autre Carte de Tendre entre Lima, Paris, Londres et Madrid. Car Tours et détours de la vilaine fille est bien cela : la géographie moderne d'un amour fou.
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«Le voyeurisme est le vice le plus universel qui soit. Vous le savez mieux que personne : nous voulons connaître les secrets et, de préférence, les secrets d'alcôve. Fourrer son nez dans l'intimité des puissants, des célébrités, des importants.» Lima, années 90. Alors que le dictateur Fujimori a plongé le pays dans la peur et la violence, deux couples de la haute société se retrouvent mêlés à un gigantesque scandale politique, médiatique et sexuel. Quelques photos compromettantes, un maître chanteur, un crime crapuleux : entre érotisme et corruption, chacun cache un secret dans cette sulfureuse comédie de moeurs.
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Le 7 avril 1803 naît à Paris la militante féministe et ouvriériste Flora Tristan. Un siècle plus tard, le 8 mai 1903, son petit-fils, Paul Gauguin, meurt seul et presque aveugle dans son faré des îles Marquises. Sous la plume de Mario Vargas Llosa, Flora Tristan et Paul Gauguin deviennent Florita l'Andalouse et Koké le Maori, deux êtres libertaires, passionnés, profondément humains, hantés par une quête de l'absolu qui donne à leur vie une dimension tragique, et qui vécurent l'enfer pour avoir désespérément voulu bâtir le Paradis. À travers les destins croisés d'une militante et d'un artiste, Mario Vargas Llosa évoque, dans un roman à la construction magistrale, les grandes utopies politiques et artistiques des temps modernes.
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À Piura, Felicito, patron d'une entreprise de transports, est l'objet de chantage et d'intimidations mafieuses. À Lima, Ismael, à la tête d'une compagnie d'assurances, est menacé par ses fils qui convoitent sa fortune en souhaitant sa mort. Mais il ne faut pas prendre leur épopée trop au sérieux. Car entre mélodrame et vaudeville, Vargas Llosa s'amuse et nous amuse avec ces deux histoires qui forment un portrait drôle et corrosif du Pérou contemporain.
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La maison de Bernarda Alba/la casa de Bernarda Alba : drame de femmes dans les villages d'Espagne
Federico García Lorca
- Folio
- Folio Bilingue
- 16 Février 2023
- 9782073000811
«Une fille qui désobéit cesse d'être une fille, c'est une ennemie.» Suite au décès de son second mari, la vieille Bernarda décide d'imposer à ses cinq filles, pourtant adultes, un deuil extrême : un isolement de huit ans dans la maison familiale. Lorsque l'aînée, Angustias, est demandée en mariage, les jalousies éclatent et menacent l'équilibre déjà chancelant de la maisonnée. La maison de Bernarda Alba, huis clos d'une intensité rare, est un chef-d'oeuvre théâtral.
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Oeuvres romanesques Tome 2
Mario Vargas Llosa
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 24 Mars 2016
- 9782070137312
«C'est à Paris que j'ai écrit mes premiers romans, découvert l'Amérique latine et commencé à me sentir latino-américain ; j'y ai vu la publication de mes premiers livres ; j'y ai appris, grâce à Flaubert, la méthode de travail qui me convenait et su quel genre d'écrivain je souhaitais être. La France m'a enseigné que l'universalisme, trait distinctif de la culture française depuis le Moyen Âge, loin d'être exclusif de l'enracinement d'un écrivain dans la problématique sociale et historique de son propre monde, dans sa langue et sa tradition, s'en fortifiait, au contraire, et s'y chargeait de réalité.
«Fraîchement arrivé à Paris, en août 1959, j'ai acheté Madame Bovary à la librairie La Joie de Lire, de François Maspero, rue Saint-Séverin, et ce roman, que j'ai lu en état de transe, a révolutionné ma vision de la littérature. J'y ai découvert que le "réalisme" n'était pas incompatible avec la rigueur esthétique la plus stricte ni avec l'ambition narrative...».
Extrait de l'Avant-propos de l'auteur, inédit.
Débrider l'imaginaire et rivaliser avec la réalité, «d'égal à égal» : tel est le programme du romancier Vargas Llosa. Il reflète un appétit qui pourrait passer pour démesuré. Julio Cortázar comparait l'énergie de son ami Mario à celle de ce rhinocéros du zoo de Buenos Aires qui renversa les barrières de son enclos quand l'envie lui prit d'aller se baigner dans l'étang voisin. L'anecdote fait d'ailleurs écho à la manière dont Vargas Llosa lui-même évoque l'exorbitant pouvoir de l'écrivain, capable de saccager le monde, de le décortiquer, voire de le détruire, pour lui opposer une image littéraire née de la parole et de l'imagination.
Cette radicalité, que partagent les modèles de Vargas Llosa - Flaubert, Faulkner -, est à la source d'un univers imaginaire qui nous entraîne (Cortázar avait raison) avec la force irrésistible des grands mammifères. Il y a du démiurge chez l'auteur de Conversation à La Catedral. Et de l'architecte : ses livres sont des édifices minutieusement équilibrés, chacun a sa forme propre, ses audaces, son rythme, ses voix. Vargas Llosa gouverne en sous-main un monde polyphonique, violent, généreux, extraordinairement séduisant, auquel le public est fidèle depuis un demi-siècle.
Voici, en deux volumes, huit romans publiés entre 1963 et 2006, choisis par l'auteur et proposés dans des traductions révisées. Ils sont accompagnés d'un appareil critique qui a bénéficié du dépôt par Mario Vargas Llosa de ses archives littéraires à l'université de Princeton, où sont désormais conservés les manuscrits de ses livres, les carnets dans lesquels il consigne ses projets, mais aussi de la correspondance, des notes personnelles, des coupures de presse, d'autres documents encore qui autorisent, pour la première fois, une plongée dans l'atelier de l'écrivain.
Traduit de l'espagnol (Pérou) par Albert Bensoussan. Édition publiée sous la direction de Stéphane Michaud avec la collaboration d'Albert Bensoussan et Anne Picard. Traductions révisées par Anne Picard
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Oeuvres romanesques Tome 1
Mario Vargas Llosa
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 24 Mars 2016
- 9782070137305
«C'est à Paris que j'ai écrit mes premiers romans, découvert l'Amérique latine et commencé à me sentir latino-américain ; j'y ai vu la publication de mes premiers livres ; j'y ai appris, grâce à Flaubert, la méthode de travail qui me convenait et su quel genre d'écrivain je souhaitais être. La France m'a enseigné que l'universalisme, trait distinctif de la culture française depuis le Moyen Âge, loin d'être exclusif de l'enracinement d'un écrivain dans la problématique sociale et historique de son propre monde, dans sa langue et sa tradition, s'en fortifiait, au contraire, et s'y chargeait de réalité.
«Fraîchement arrivé à Paris, en août 1959, j'ai acheté Madame Bovary à la librairie La Joie de Lire, de François Maspero, rue Saint-Séverin, et ce roman, que j'ai lu en état de transe, a révolutionné ma vision de la littérature. J'y ai découvert que le "réalisme" n'était pas incompatible avec la rigueur esthétique la plus stricte ni avec l'ambition narrative...» Extrait de l'Avant-propos de l'auteur, inédit.
Débrider l'imaginaire et rivaliser avec la réalité, «d'égal à égal» : tel est le programme du romancier Vargas Llosa. Il reflète un appétit qui pourrait passer pour démesuré. Julio Cortázar comparait l'énergie de son ami Mario à celle de ce rhinocéros du zoo de Buenos Aires qui renversa les barrières de son enclos quand l'envie lui prit d'aller se baigner dans l'étang voisin. L'anecdote fait d'ailleurs écho à la manière dont Vargas Llosa lui-même évoque l'exorbitant pouvoir de l'écrivain, capable de saccager le monde, de le décortiquer, voire de le détruire, pour lui opposer une image littéraire née de la parole et de l'imagination.
Cette radicalité, que partagent les modèles de Vargas Llosa - Flaubert, Faulkner -, est à la source d'un univers imaginaire qui nous entraîne (Cortázar avait raison) avec la force irrésistible des grands mammifères. Il y a du démiurge chez l'auteur de Conversation à La Catedral. Et de l'architecte : ses livres sont des édifices minutieusement équilibrés, chacun a sa forme propre, ses audaces, son rythme, ses voix. Vargas Llosa gouverne en sous-main un monde polyphonique, violent, généreux, extraordinairement séduisant, auquel le public est fidèle depuis un demi-siècle.
Voici, en deux volumes, huit romans publiés entre 1963 et 2006, choisis par l'auteur et proposés dans des traductions révisées. Ils sont accompagnés d'un appareil critique qui a bénéficié du dépôt par Mario Vargas Llosa de ses archives littéraires à l'université de Princeton, où sont désormais conservés les manuscrits de ses livres, les carnets dans lesquels il consigne ses projets, mais aussi de la correspondance, des notes personnelles, des coupures de presse, d'autres documents encore qui autorisent, pour la première fois, une plongée dans l'atelier de l'écrivain.
Trad. de l'espagnol (Pérou) par Albert Bensoussan, Anne-Marie Casès et Bernard Lesfargues. Édition publiée sous la direction de Stéphane Michaud avec la collaboration d'Albert Bensoussan, Anne-Marie Casès, Anne Picard et Ina Salazar Avant-propos de l'auteur. Traductions révisées par Albert Bensoussan, Anne Picard et Ina Salazar.
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Sur le front déchiqueté des Andes nous retrouvons le personnage de Lituma, échappé de La Chunga et de Qui a tué Palomino Molero ?, sous-officier rétrogradé et grelottant de froid. Ou de peur. La menace de la guérilla du Sentier lumineux est ici permanente. Trois disparitions successives accentuent l'angoisse et l'effroi. Sur fond d'enquête, nous pénétrons dans le monde des mineurs et des aventuriers des Andes avec, au centre, le couple Dionisio et Adriana, réincarnation dégradée des mythes de Dionysos et d'Ariane. [...] Un univers truculent et glacé se met en place, un monde archaïque où les croyances de la nuit des temps refont surface, un monde barbare, magique et entêtant... Une fois de plus, Mario Vargas Llosa, dans la parfaite maîtrise de son talent romanesque, nous entraîne vers un destin qui n'est jamais qu'humain, trop humain. Albert Bensoussan.
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À la mort de son mari, Bernarda décide que ses filles ne sortiront plus de leur maison pendant huit ans. Ce huis clos se déroule dans l'âpre atmosphère du Sud de l'Espagne où, entre censure et anathème, les femmes sont recluses et l'amour est frappé d'interdit. Jalousie, hargne, désirs et passions s'exacerbent. Un homme hante les rêves des cinq soeurs. Il doit épouser l'aînée mais la plus jeune s'éprend de lui : telle est la bombe qui explose au milieu des rivalités et des frustrations. Lorca mourut deux mois après avoir achevé sa pièce, tandis que le pays s'enfonçait, pour de longues années, dans ce silence réclamé par Bernarda Alba, de la première à la dernière réplique. La chape qui s'abat sur la maison devient allégorique de tout un pays bâillonné. Et, par-delà l'Espagne et la voix du poète, la pièce accuse le fanatisme qui emprisonne la conscience humaine et la pousse au néant.
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Noces de sang ; bodas de sangre
Federico Garcia Lorca
- Folio
- Folio Bilingue
- 27 Février 2020
- 9782072872693
Dans la campagne espagnole, une jeune fille, contrainte d'épouser un homme qu'elle n'aime pas, s'enfuit avec son amant le jour de ses noces. Le jeune marié se lance à leur poursuite... Inspirée d'un tragique fait divers, la pièce Noces de sang, chef-d'oeuvre dramatique, allie toute la beauté de la poésie d'inspiration gitane au classicisme de la langue espagnole.
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À Los Angeles, dans les années 1960, Georges se retrouve seul après la mort tragique de son compagnon Jim. Professeur britannique vivant aux États-Unis, tout semble le séparer des autres : sa nationalité, son célibat, mais surtout son homosexualité. Dans un monde de plus en plus conformiste, Georges porte sur sa singularité et sa solitude un regard désabusé et lucide. Mais la rencontre d'un jeune étudiant le fait espérer qu'il y a peut-être une vie après Jim.
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Ouvrage publié avec le soutien de la Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte - FABA
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Signor Hoffman et le boxeur polonais
Eduardo Halfon
- LE LIVRE DE POCHE
- Le Livre De Poche Biblio
- 31 Août 2022
- 9782253936114
Dans Signor Hoffman, un écrivain se rend en Italie, invité à évoquer la mémoire de son grand-père, rescapé d'Auschwitz. On le retrouve en route pour une plage de sable noir du Pacifique, puis au coeur d'une plantation de caféiers. Chacune des nouvelles de ce recueil se déroule entre deux pôles, de señor Halfon à signor Hoffman. La musique des mots célèbre tout à la fois la grande misère des hommes et leur folle aptitude à survivre.
Dans Le Boxeur polonais, un enfant interroge son grand-père sur les cinq chiffres qu'il a tatoués sur le bras. La question reste en suspens, jusqu'à un après-midi pluvieux où le grand-père dit à son petit-fils qu'il était dans le camp d'Auschwitz soixante ans auparavant. C'est là qu'il y a rencontré un boxeur polonais juif, qui l'aida à survivre en lui apprenant à se défendre avec le langage. Peu à peu, le narrateur découvre les arcanes de l'histoire. -
Que peut la plume de l'écrivain face aux pires atrocités de notre époque ? C'est habité par cette question que Mario Vargas Llosa s'est rendu en Irak en juin 2003, au tout début d'une guerre qui durera huit ans. Pendant douze jours, il confrontera ses convictions à la réalité du conflit.
Interroger les civils à cette époque-là et dans ce lieu-là, c'est interroger tous les civils de toutes les guerres - c'est rendre leur parole aux femmes et aux hommes que les intérêts géopolitiques étouffent.
À partir des témoignages recueillis, Mario Vargas Llosa a rédigé une magnifique série de reportages, réunis aujourd'hui intégralement dans ce livre. Il interroge la difficulté à penser la guerre au moment où elle se produit et confronte la réalité vécue par les populations à l'idéal démocratique occidental qui commande certains conflits.
Mario Vargas Llosa, né en 1936 au Pérou, a vécu notamment à Madrid, Paris, Londres ou Barcelone. Prix Nobel de Littérature en 2010, il est l'une des figures les plus reconnues de la littérature mondiale. Romancier, dramaturge et essayiste, ses oeuvres ont été couronnées par les plus prestigieux des prix littéraires. Il a été élu membre de l'Académie française en 2021.
Traduit de l'espagnol par Annie Vignal -
Oeuvres romanesques Tome 1 et Tome 2
Mario Vargas Llosa
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 24 Mars 2016
- 9782070178612
«C'est à Paris que j'ai écrit mes premiers romans, découvert l'Amérique latine et commencé à me sentir latino-américain ; j'y ai vu la publication de mes premiers livres ; j'y ai appris, grâce à Flaubert, la méthode de travail qui me convenait et su quel genre d'écrivain je souhaitais être. La France m'a enseigné que l'universalisme, trait distinctif de la culture française depuis le Moyen Âge, loin d'être exclusif de l'enracinement d'un écrivain dans la problématique sociale et historique de son propre monde, dans sa langue et sa tradition, s'en fortifiait, au contraire, et s'y chargeait de réalité. «Fraîchement arrivé à Paris, en août 1959, j'ai acheté Madame Bovary à la librairie La Joie de Lire, de François Maspero, rue Saint-Séverin, et ce roman, que j'ai lu en état de transe, a révolutionné ma vision de la littérature. J'y ai découvert que le "réalisme" n'était pas incompatible avec la rigueur esthétique la plus stricte ni avec l'ambition narrative...» Extrait de l'Avant-propos de l'auteur, inédit. Débrider l'imaginaire et rivaliser avec la réalité, «d'égal à égal» : tel est le programme du romancier Vargas Llosa. Il reflète un appétit qui pourrait passer pour démesuré. Julio Cortazar comparait l'énergie de son ami Mario à celle de ce rhinocéros du zoo de Buenos Aires qui renversa les barrières de son enclos quand l'envie lui prit d'aller se baigner dans l'étang voisin. L'anecdote fait d'ailleurs écho à la manière dont Vargas Llosa lui-même évoque l'exorbitant pouvoir de l'écrivain, capable de saccager le monde, de le décortiquer, voire de le détruire, pour lui opposer une image littéraire née de la parole et de l'imagination. Cette radicalité, que partagent les modèles de Vargas Llosa - Flaubert, Faulkner -, est à la source d'un univers imaginaire qui nous entraîne (Cortazar avait raison) avec la force irrésistible des grands mammifères. Il y a du démiurge chez l'auteur de Conversation à La Catedral. Et de l'architecte : ses livres sont des édifices minutieusement équilibrés, chacun a sa forme propre, ses audaces, son rythme, ses voix. Vargas Llosa gouverne en sous-main un monde polyphonique, violent, généreux, extraordinairement séduisant, auquel le public est fidèle depuis un demi-siècle. Voici, en deux volumes, huit romans publiés entre 1963 et 2006, choisis par l'auteur et proposés dans des traductions révisées. Ils sont accompagnés d'un appareil critique qui a bénéficié du dépôt par Mario Vargas Llosa de ses archives littéraires à l'université de Princeton, où sont désormais conservés les manuscrits de ses livres, les carnets dans lesquels il consigne ses projets, mais aussi de la correspondance, des notes personnelles, des coupures de presse, d'autres documents encore qui autorisent, pour la première fois, une plongée dans l'atelier de l'écrivain.
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La littérature est ma vengeance ; conversation
Claudio Magris, Mario Vargas Llosa, Albert Bensoussan
- Gallimard
- Arcades
- 11 Février 2021
- 9782072838293
Comment un roman peut-il changer le monde? Quels sont aujourd'hui les rapports entre création et société, entre politique et fiction? Deux maîtres de la littérature mondiale tentent de répondre à ces questions et à quelques autres, révélant en même temps les secrets de leur «cuisine littéraire».Selon Vargas Llosa, un livre atteint son objectif quand il est capable de nous extraire de notre quotidien et de nous entraîner dans un monde où la fiction apparaît encore plus tangible que la réalité elle-même. De son côté, Claudio Magris, écrivain du voyage et des frontières, nous montre à quel point la littérature est un espace ouvert où la capacité créatrice de l'écrivain à inventer des fictions rejoint paradoxalement le mouvement de l'écriture vers la vérité.Conduites avec grâce et intelligence par le directeur de l'Institut italien de Lima, Renato Poma, ces quatre conversations entre Claudio Magris et Mario Vargas Llosa mettent en lumière les liens étroits qui existent entre le Nobel péruvien et l'un des plus prestigieux écrivains italiens contemporains.
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Mario Vargas Llosa, écrivain du monde
Albert Bensoussan
- Gallimard
- Arcades
- 1 Décembre 2022
- 9782072995767
«Je partage le quotidien mental de Mario Vargas Llosa depuis cinquante ans. Il m'a fallu assumer ses fantasmes et ses obsessions. En vérité, ce que je n'ai pas vécu, je l'ai rêvé. J'ai habité ses rêves, mettant mes pas dans ceux du grand homme, mimant fraternellement ses gestes, choyant sa voix. Moi, son double, son singe. Son autre moi.»Dans cet essai personnel, Albert Bensoussan interroge cette relation si particulière qui unit l'auteur à son traducteur. Il offre la meilleure synthèse de l'oeuvre du romancier hispano-péruvien, Prix Nobel de littérature et académicien français. Il nous fait redécouvrir les multiples facettes de cet auteur tout à la fois réaliste, politique, fantaisiste, épris de liberté, inlassable contempteur des dictatures latino-américaines. Mario Vargas Llosa nous apparaît comme un véritable classique moderne : un contemporain capital.
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Héros, traître, meurtrier, hérétique, martyr, fou, noble sauvage, agent de l'impérialisme yankee, défenseur des droits des Métis et des Indiens, père de la province du Manitoba et même l'un des fondateurs de la Confédération canadienne. Louis Riel était un chef du peuple métis - groupe ethnique d'origine autochtone et européenne - qui a dirigé deux mouvements de résistance contre le gouvernement canadien. Le premier (1869-1870) aboutit à la création de la province du Manitoba dans l'Ouest canadien et le second (1885) mène à un affrontement militaire, seule guerre ayant eu lieu jusqu'à ce jour sur le sol canadien. Ce confl it, encouragé par sir John Macdonald, Premier ministre du Canada, en plus de coûter la vie à Louis Riel, valut aux Indiens leur enfermement - aux conséquences encore aujourd'hui tragiques - dans des réserves pendant plus de soixante ans. Aucun autre personnage de l'histoire canadienne n'a suscité autant d'écrits que Louis Riel. Fruit de cinquante années de recherches, l'ouvrage de Jean Meyer consacre la vie de cet homme que J. M. G. Le Clézio nomme «le visionnaire» dans sa préface, celui qui voulait faire du Canada un espace de communion pour les nations.
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Un chien après lequel on court, tel est le début de ce livre. Dès les premières pages, nous voyons le narrateur se précipiter à la fourrière, dans les faubourgs de Lima, pour récupérer son caniche égaré - et, en fait, kidnappé. Santiago Zavala rencontre là l'ancien chauffeur de son père, le géant noir Ambrosio, devenu maigre et haillonneux. Une sorte de SDF qui désormais nettoie la ville de ses chiens errants pour quelques pièces. Le dialogue de quatre heures entre Zavalita et Ambrosio dans le bar La Catedral forme peu à peu l'axe autour duquel se tisse le réseau complexe des situations et des personnages de ce roman. Car après quelques bières, un flot de paroles surgit entre les deux hommes comme une réponse au silence et à la censure. Conversation à La Catedral n'est cependant pas un roman historique, au sens strict du terme. Ses personnages, les histoires qu'ils racontent, les fragments de vie qu'ils assemblent composent la description détaillée d'un processus moral d'avilissement collectif. Vargas Llosa examine tous les chemins et les détours qui conduisent un pays entier à la soumission ou, pire encore, à la collaboration avec un dictateur. «Si je devais sauver du feu un seul de mes romans, ce serait celui-ci», a dit Mario Vargas Llosa à propos de Conversation à La Catedral. Cette nouvelle traduction rétablit intégralement le texte original, harmonise l'articulation stylistique entre les différentes parties du roman, et offre la version la plus fidèle et la plus récente de ce chef-d'oeuvre.
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L'atelier du roman ; conversation à Princeton avec Rubén Gallo
Rubén Gallo, Mario Vargas Llosa
- Gallimard
- Arcades
- 21 Février 2019
- 9782072794209
Invité à l'université de Princeton en 2015, Mario Vargas Llosa accepta d'y travailler avec Rubén Gallo à un ouvrage qui puisse offrir à ses lecteurs un parcours original de sa vie et de son oeuvre. L'atelier du roman est le résultat de cet exercice. Mais il ne s'agit pas d'un livre universitaire ou académique. Au cours d'une série de conversations intelligentes, accessibles et ouvertes, le Prix Nobel péruvien revient sur des épisodes de sa biographie littéraire et politique, et nous parle également des secrets de sa cuisine littéraire, de ses lectures et de son travail d'écriture.
Les pages où il décrit ses multiples recherches autour de la figure du dictateur Trujillo, ou celles où il évoque le Pérou du tyran Odrfa, sont ici autant d'invitations à relire ses chefs-d'oeuvre La fête au Bouc et Conversation à La Catedral. Mais le livre nous offre en réalité deux perspectives parallèles : celle de l'auteur - qui raconte la fabrication de ses histoires - et celle du critique ou du lecteur qui analyse leur réception. Ces deux voix s'entrecroisent avec celles des étudiants qui ont eu accès à l'extraordinaire collection de manuscrits et documents personnels que Vargas Llosa a confiée naguère aux archives de Princeton.
L'atelier du roman culmine sur l'intervention émouvante de Philippe Lançon, rescapé de l'attentat contre Charlie Hebdo, qui préfigure son bouleversant récit intitulé Le lambeau (Gallimard, 2018). L'échange entre le Prix Nobel et le journaliste de Libération sur le terrorisme constitue sans conteste l'un des temps forts de ces conversations et un brillant point final à un livre sur les rapports toujours conflictuels entre littérature et politique.
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Le navire des enfants
Zuzanna Celej, Mario Vargas Llosa
- Gallimard Jeunesse
- Albums Junior
- 28 Novembre 2019
- 9782075127134
« Dans ce monde, beaucoup de choses échappent à l'entendement. Des choses étranges, surprenantes, incroyables, fantastiques. Avec elles la vie devient une aventure imprévisible. » Ainsi commence l'histoire du vieil homme avec qui Fonchito attend son bus chaque matin. L'histoire d'enfants qui décident de suivre les Croisés à Jérusalem et embarquent pour un voyage vers l'éternité. Seul l'un d'entre eux aura la curiosité de mettre pied à terre ; aujourd'hui il attend le retour de son bateau, les yeux tournés vers l'horizon.
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Édith Piaf, de son vrai nom Édith Giovanna Gassion (1915-1963), est bien plus qu'une chanteuse de music-hall et de variétés. Celle qui fut très tôt surnommée «la Môme Piaf» est l'incarnation même de la chanson française. «La vie en rose», l'«hymne à l'amour», «La Foule» sont aujourd'hui encore des chansons interprétées dans le monde entier. Au-delà de toute mythologie - l'enfance pauvre à Belleville, sainte Thérèse lui redonnant la vue qu'elle avait perdue, l'usage de la morphine, ses nombreuses histoires d'amours avec Cerdan, Montand, Moustaki, etc. -, Albert Bensoussan nous dévoile une femme engagée dans son temps, forte et fragile, prenant tous les risques, surmontant toutes les douleurs, dont Cocteau affirmait qu'il n'avait jamais connu d'être moins économe de son âme, «qui ne la dépensait pas, mais la prodiguait et en jetait l'or par les fenêtres».