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sebastien navarro
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C'est l'histoire d'un gars qui a lu plein de bouquins sur la révolution et qui a failli passer à côté de celle en train de germer sur le rond-point de son village. L'histoire d'une rencontre entre un intello maladroit et une foule sortie de son mouroir périphérique pour hurler à la face du monde sa soif de dignité et de justice sociale. Une histoire de manifs organiques, de pétroleuses magnifiques et de rires-aux-larmes lacrymogènes. Sébastien Navarro est l'un des rédacteurs du journal CQFD.
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Le 29 juillet 1944, 150 maquisards FTP et guérilleros espagnols investissent la ville de Prades, sous-préfecture des Pyrénées Orientales. Ils se ravitaillent en argent et tabac, attaquent le siège de l'occupant avant de refluer vers leur QG situé dans les murs de La Pinouse, ancienne colonie minière surplombant le village de Valmanya. Trois jours après, 600 Allemands et miliciens débarquent pour liquider le maquis. Valmanya est brûlé, quatre habitants exécutés. Après avoir épuisé leurs munitions, les résistants s'enfuient à travers la forêt. Blessé à la jambe, Julien Panchot, capitaine FTP, est capturé par les nazis, torturé et tué.
La mort de Panchot et la destruction de Valmanya, symboles « martyrs » de la Résistance du Roussillon, font depuis l'objet de commémorations annuelles. Mais derrière ces clichés figés dans le marbre de l'Histoire, les tensions mémorielles n'ont jamais cessé de s'affronter. L'enjeu n'étant pas tant de trancher sur une vérité événementielle que de flétrir ou s'accaparer l'héritage de ceux que l'époque qualifiait alors de « terroristes ».
A travers une série de rencontres abrasives et d'hasardeuses déambulations, Sébastien Navarro a essayé de démêler non pas le vrai du faux historique mais les intentions, souvent revendiquées, parfois inconscientes, des porteurs de mémoire. Irrévérencieux parfois, perdu souvent, ému par certains entêtements utopistes, l'auteur a fini par se rendre à l'évidence : « Valmanya est un vortex. Un trou noir à l'abyssale fringale. »